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Le meurtre du journaliste Norbert Zongo, le 13 décembre 1998 au Burkina Faso, a suscité une vive émotion dans les pays africains et dans l'opinion publique internationale. Ce pays avait déjà, par le passé, connu plusieurs cas d'assassinats non élucidés, dont celui de l'ancien président Thomas Sankara. Mais, pour la première fois, un journaliste indépendant a été tué et brûlé dans des circonstances troublantes.
Plusieurs hypothèses ont été avancées, non sans intention de brouiller les pistes, sur les mobiles exacts de ce crime. Il faut préciser que, lorsque Zongo est abattu, il enquêtait sur la mort suspecte du chauffeur de François Compaoré, frère cadet du chef de l'Etat burkinabé Blaise Compaoré. Les investigations de Norbert Zongo l'avaient déjà poussé à révéler le manque de transparence et les irrégularités des dernières élections présidentielles qui ont porté M. Compaoré au pouvoir pour la deuxième fois consécutive. Il avait également mis en cause le secret qui entoure l'état des biens personnels du président burkinabé. Ces enquêtes lui avaient valu des menaces à peine voilées, sans oublier des pressions constantes exercées sur sa mère. Objectif : l'inciter à se taire.
L'élimination de Zongo était-elle programmée dans les coulisses du pouvoir ? Ses investigations gênaient-elles une partie de l'establishment ? Pourquoi son assassinat a-t-il provoqué un choc si violent au Burkina et à l'étranger ? Dans une enquête à bout portant, l'Organisation Panafricaine des Journalistes Indépendants, sous la plume de Charles Onana, révèle les combats meurtriers que ce journaliste menait dans son pays. Un document accablant pour un Etat où la corruption, l'affairisme et le crime sont devenus, au fil des années, des principes de gouvernement. |